Les Jeux Olympiques 2008 sont déjà loin, les joutes nautiques des voiliers ne sont plus qu’un distant souvenir, mais une foule nombreuse de touristes continue d’arpenter le front de mer de Qingdao, cette grande ville chinoise située au nord-est de la Chine, sur les bords de la Mer Jaune.
En survolant ces quelques centaines de mètres, je ne peux m’empêcher de penser à la surexploitation des océans avec des milliers de coquillages et de tortues marines vendus comme décoration, et même des petits poissons vivants dans des porte-clés en plastique. A la détresse des pêcheurs aussi, qui ne sont plus que des bêtes de cirque essayant de montrer leurs maigres prises sous les appareils photos des touristes.
Autant de preuves réunies sur l’avenir incertain des océans me glacent les plumes ! La mer n’est pas un jeu, elle ne nous appartient pas et elle n’a pas de ressources infinies. J’aimerais siffler bien fort mon mécontentement, mais avant de jeter la pierre, il faut expliquer, et surtout il faut faire mieux chez nous.
Alors j’ai chuchoté l’histoire des océans à quelques jeunes attentifs ; un jour, je leur montrerai le film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud « Océans » avec ses images magnifiques qui suscitent tant d’émotions positives, sans agresser, simplement en montrant la beauté du monde marin, sa force et sa fragilité.
En Chine, comme ailleurs, les jeunes sont prêts à relever le défi. Il faut seulement leur montrer les problèmes, les solutions aussi. Ils en trouveront également, j’en suis certain. D’ailleurs, Daniel, un jeune de la région, souhaite m’aider. Il fait ses études à Shanghai et, avec ses amis, il veut faire la différence. Il aime son pays, sa nature. Il est responsable.
Lui, ses amis, d’autres, derrière une petite boule de plumes orange, je chasse mes idées noires comme la pollution accidentelle un peu plus au nord à Dalian, et reprends mon vol, confiant dans mon rêve de créer des éco-centres en Chine où les jeunes pourront venir apprendre sur le fragile équilibre de la nature et des hommes.
La Chine a un rôle exceptionnel à jouer dans l’avenir de la planète, et cette nouvelle génération a la possibilité de mettre leur pays en position de modèle à suivre plutôt que sur le banc trop facile des accusés.
Cherbourg, France, août 2010
Océan, entre disparition et espoir
Aujourd’hui, j’accompagne un vol de goélands. Ils me montrent l’étrange architecture de la Gare Maritime de Cherbourg, dans le nord-ouest de la France, en Normandie.
Les grands paquebots comme le Queen Mary 2 viennent encore de temps en temps faire revivre le passé époustouflant de ce bâtiment chargé d’histoire. Même le Titanic a fait escale au large avant de sombrer au milieu de l’Atlantique.
Je laisse mes amis dehors après le survol de plusieurs petits sous-marins scientifiques tous plus rigolos les uns que les autres, car nous sommes ici à la Cité de la Mer, un bel endroit pour les amoureux de la mer. C’est l’exposition du film « Océans » qui m’intéresse, et l’une des scènes clé du film a même été tournée ici.
Les gens semblent fascinés, surtout les enfants, et me remarquent à peine. Je prends mon temps pour regarder les vidéos et suivre sur la carte géante les 54 sites du tournage de ce film magistral.
Mon ami, François Sarano, qui a été l’un des premiers à croire en Eco-Sys Action et fait partie de notre conseil d’experts, a largement contribué à ce film. C’est lui qui se présente seul devant un grand requin blanc, et nage avec. Quelle scène grandiose qui parle d’elle-même sur la plus grande tolérance que nous devrions avoir envers les requins ! Admirable et émouvant quand François nage avec ce « monstre » marin. On sent sa passion pour la mer, et il devient, par la même occasion, l’un des meilleurs ambassadeurs des requins.
Encore des émotions fortes en voyant cette reproduction grandeur nature d’une rythine de Steller. Pas très connu cet animal, n’est-ce pas ! Et pour cause puisqu’il a été massacré au XVIIIème siècle pour sa chair, sa graisse et sa fourrure. Ce cousin géant des dugongs vivait en Arctique, près du détroit de Béring, mais n’a pas survécu à la pêche intensive dont il a fait l’objet. Et ce phoque moine des Caraïbes ? Disparu ! Et cette tortue marine ? A protéger le plus vite possible !
On se dira qu’il y a bien longtemps de cela, mais malheureusement les choses n’ont pas changé et se sont même accélérées. Il y a deux ans, par exemple, le dauphin baiji du Yang Tsé Kiang était déclaré disparu, lui aussi.
Alors, en me posant sur cette rythine de Steller si symbolique, je me rappelle le message d’ « Océans » : « la terre ne nous appartient pas, elle est à partager. Tout est possible ».
Un petit lien pour savourer la bande-annonce du film :