L’astronaute Heidemarie Stefanyshyn-Piper, qui avait participé à deux vols d’une navette spatiale sur Atlantis et Endeavour, a remis le Prix de l’innovation à Stéphane Rousson et son équipe du Scubster lors des championnats du monde de sous-marins à propulsion nucléaire.
Perché sur une passerelle du plus grand centre de recherche de la marine américaine, le Carderock Naval Warfare Surface Center, je ne peux que revivre cette plongée palpitante installé à l’avant de l’engin piloté par mon ami Stéphane. Un moment hors du temps.
Entre Villefranche et Saint-Jean-Cap-Ferrat, nous étions restés une heure sous l’eau. Là, il s’agissait d’un bassin artificiel, mais l’adrénaline de se mesurer à plusieurs autres sous-marins de nombreux pays restera un beau souvenir, et un remarquable travail d’équipe.
Propulsé par deux hélices reliées à un pédalier par une courroie, le Scubster peut avancer jusqu’à 8 km/h ! Il porte également les couleurs d’Eco-Sys Action puisque les aventuriers du Scubster soutiennent notre projet sur les requins baleines aux Philippines.
Comme pour son aventure en ballon à pédales, Stéphane Rousson a démontré une fois de plus que les rêves se construisent à force de patience et de ténacité, soient-ils sous-marins ou aériens.
Donsol, Philippines, juin 2011
Le requin le plus rare du monde !
Une nouvelle étonnante me parvient alors même que je suis en vol pour Donsol, l’une des capitales mondiales des requins-baleines : un requin grande gueule (Megachasma pelagios) a été découvert au Mexique, le 52ème seulement depuis la première observation de cet animal mystérieux en 1976 à Hawai.
Il y a deux ans, le n° 42 avait été pris à 200 mètres de profondeur dans les filets de pêcheurs et ramené à Donsol. Mesurant plus de 4 mètres pour 500 kg, il n’avait pas survécu à ses blessures et avait été mangé en « kinuout », une recette locale à la noix de coco, très souvent malheureusement à base de raie manta. Pour ce qui aura sans doute été l’un des repas les plus rares du monde, ce spécimen fut perdu pour la science. C’est l’un des pêcheurs qui m’avait raconté cette histoire exceptionnelle.
Le requin grande gueule est en effet méconnu. Il semble qu’il passe son temps à près de 1 000 mètres de profondeur avant de remonter vers la surface pour se nourrir de planctons, méduses et autres petits poissons. Tout comme le requin-baleine et le requin pèlerin, il filtre son alimentation. Il doit son nom à sa gueule immense (jusqu’à 1m30 de large), qui est agrémentée de toutes petites dents.
Plusieurs symboles entourent cette prise très rare à Donsol. Tout d’abord, il est indéniable que l’on ne connait que très peu les profondeurs de l’océan et les animaux mystérieux qui les peuplent. Mais c’est aussi la preuve des dégâts causés par les filets dérivants sur toute la faune marine sans distinction. Les requins-baleines en sont trop souvent les victimes. Sur une note plus positive, la richesse sous-marine de Donsol ne fait plus aucun doute. Cette région possède une biodiversité incroyable qui doit être conservée, un trésor à protéger précieusement au plus vite. Les requins-baleines ne se sont pas trompés en utilisant Donsol comme un point important de leur migration annuelle.
Il est grand temps d’aller raconter cette histoire aux enfants des écoles de Donsol et de la province de Sorsogon. Ils ne savent encore que très peu de choses sur cette dimension marine qui les entoure et qui reste un endroit mystérieux à leurs yeux. On ne protège souvent que ce que l’on connait !
Un petit tour à la rencontre du requin grande gueule :