Rabies
Dinsho, Ethiopie, septembre 2011
La rage de vivre
J’y ai laissé quelques plumes, mais j’aurais pu y laisser la vie ! Ce chien qui vient de me poursuivre lors d’une courte halte sur le chemin de Dinsho était incontrôlable, la gueule baveuse, victime de la rage, une maladie qui atteint le système nerveux des personnes ou animaux atteints. Sans traitement immédiat, c’est la mort assurée.
La rage ? Beaucoup d’entre-nous pensent qu’il s’agit d’une maladie du passé. Malheureusement, 55 000 personnes, dont beaucoup d’enfants, en meurent encore chaque année à travers le monde.
L’Ethiopie n’est pas épargnée, bien au contraire, et possède un taux de mortalité important. L’une des méthodes efficaces pour contrer cette maladie atroce est de vacciner les chiens. De par le monde, de nombreuses campagnes de vaccinations sont organisées afin de contenir ce fléau. Aujourd’hui, justement, c’est le 28 septembre, « la Journée Mondiale Contre la Rage »
Connaissez-vous la triste différence entre Joseph Meister et Ayana Sitota ? Joseph avait 9 ans quand il fut mordu par un chien sur le chemin de l’école, en Alsace (France). Il fut la première personne sauvée de la rage grâce au nouveau vaccin de Louis Pasteur… en 1885. Ayana, au même âge, n’a pas survécu à la rage la semaine dernière près de Goba (Ethiopie), non loin d’ici… en 2011. Depuis 126 ans que le vaccin existe, des personnes continuent d’être les victimes de la rage.
Chez les animaux, une espèce entière a même failli disparaître en 1998 et encore en 2003 et 2009. Il s’agit du loup d’Ethiopie, dont il ne reste environ que 500 individus. Plus de 50% avait été touchés par la rage propagée par des chiens errants. Il a fallu toute la réactivité et la patience de Claudio Sillero et de l’équipe de l’Ethiopian Wolf Conservation Project pour vacciner les individus encore sains. La population de loups est aujourd’hui en bonne santé, mais la rage n’est jamais loin.
Tous les 28 septembre, à Dinsho, les enfants descendent dans la rue afin de demander la vaccination des chiens et protéger ce trésor naturel que sont les loups d’Ethiopie. « Tous contre la rage ! Dhukkuba saree ni balaaleffanna ! ». Mais au-delà de sauver une espèce, c’est leur propre protection que les enfants demandent aussi, afin qu’un jour, ils soient tous aussi chanceux que le petit Joseph Meister.